La Loi Hadopi une loi caduque pourquoi faire ?

Publié le par stephanezibi

Je me rajoute aux très nombreux articles sur le sujet contestant le bien fondé de cette loi Création et Internet nommé Hadopi (Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur l'Internet) qui "permettra" de faire en sorte que le piratage "soit" banni des réseaux bas et haut débits français.

En effet comme au temps de la loi DAVDSI en 2006, nous nous apercevons, nous consommateurs de musiques, de films, de documentaires ou de tous types d'informations sur Internet que cette loi ne traite qu'un seul et unique et toujours le même d'ailleurs volet du problème.

En effet s'il est clair que l'artiste et ses oeuvres et les internautes doivent être au centre des discussions il y a bien deux absents de marque dans cette loi : les maisons de disques et les distributeurs. Encore une fois ils peuvent rester bien au chaud et continuer à vivre comme au temps du siècle dernier (10 ans cela parait une éternité d'un coup) jusqu'à la prochaine loi (dans trois ans ?).

Cette loi qui va être vôtée dans les jours qui viennent avec la complicité des politiques de tous bords, des artistes et des patrons d'entreprises du secteur et mise en application dès le mois de septembre alors qu'elle est d'ores et déjà caduque et c'est bien dommage.

Cette loi injuste et liberticide devra, pour ceux qui l'ignorent, dans son principal alinéa, permettre à cette nouvelle Haute Autorité d'émettre des avertissements voires des suspensions d'abonnement aux titulaires des lignes ADSL après que les FAI aient donné toutes les informations, un peu comme aujourd'hui quand un pédophile ou un raciste est repéré par les cyber brigades. Depuis la LCEN, le FAI ou le site visé se doivent de coopérer en fournissant tous les éléments de l'internaute contrevenant.

Elle est injuste pour plusieurs raisons

Elle est injuste car elle condamnera probablement des titulaires d'abonnement qui n'auront pas commis quoi que ce soit car pour la plupart elles n'auront pas mis en place les règles suffisantes de sécurité sur leur connexion Internet. Je prends les exemples de TPE ou de PME qui ont eu leurs installations faîtes par les techniciens des fournisseurs d'accès, ce qui représente une très grande majorité. Il est certain que parmi ces centaines de milliers de connexion il y ait dans les alentours des technophiles un peu hackers qui forceront sans difficulté les paramètres de sécurité ou tout simplement des jem'enfoutistes qui pourront laisser passer sans avoir protégé quoi que ce soit et ainsi permettre de continuer à télécharger sans risque pour le pirate.

Dans la continuité de cela, les frais de vérification et de monitoring des lignes ADSL par les opérateurs vont avoir un coût estimé à 6,7 millions d'euros. L'Etat va sûrement subventionner une partie de cette somme mais à la fin de l'année on aura je pense des classements qui auront un impact à mon sens plus important que ces 6,7 millions d'euros. On aura probablement les statistiques des principaux FAI qui auront envoyé des mails ou suspendus les accès. Et si l'on suit certaines déclarations il n'est pas sûr que ce classement suive une règle mathématique (le plus d'abonnés = le plus de pénalisés). Les impacts négatifs sur les marques à qui sera le plus gros délateur de l'année seront nettement plus marquants que ces quelques millions d'euros de dépenser à coup sûr.

Les techniques de téléchargement ont largement étaient améliorées depuis la sortie de Napster, il est fort probable que des solutions de contournement existeront dans un très proche avenir. Le piratage pourra continuer et être toujours ainsi montré du doigt car une poignée de technophiles avides de nouveaux défis auront réussi à ne pas se faire prendre au contraire des millions d'abonnés français.

Un autre point qui me semble tout à fait injuste c'est la quasi absence dans cette loi des maisons de disques et des entreprises du secteur. Les plateformes de téléchargement légales vont pouvoir continuer sans aucune contrainte législative et selon le même modèle avec des prix très (trop) hauts par rapport au coût de production et à ce que les internautes souhaitent payer.

L'autre jour j'étais dans un grand magasin des Champs Elysées commençant par un F et qui n'est pas réputé d'être le moins cher des établissements du groupe. Un CD du dernier album d'un artiste français était en en promo à 6,99€, le même album était lui à 9,99 € sur toutes les autres plateformes légales y compris celle du magasin que je visitais !

Continuer de vendre aussi cher des produits déjà finis et qui apportent une marge brute quasi égale au coût facturé à l'internaute est quand même tout à fait exagéré. La loi, elle, ne les contraint à rien juste elle permettra d'avoir une offre encore plus riche pour la mise à disposition de films après leur sortie en salle. Tout le monde pense que c'est le marché qui fera le nécessaire pour que les choses changent comme l'abandon progressif des DRM mais ce sera après quelle action cette fois ci ?

Ce déséquilibre et ces injustices montrent de façon criante que ce secteur n'a jamais vraiment évolué. My Major Company en mettant l'artiste et le fan/producteur au milieu du projet ou bien Deezer ou le petit dernier Spotify ont pu déjà donner une indication forte que quand on veut changer un peu le modèle et bien la réussite peut être au bout.

Je n'ai pas abordé le simple fait que cette loi soit une atteinte à la liberté de chacun. Le Réseau des Pirates à travers son pacte décrit de façon très concise mais tellement juste cela et il me semble que la signature de ce Pacte soit un acte pouvant contre balancer et donner je l'espère un plus juste débat.

J'espère enfin que certains artistes liront ce Pacte et pourront éventuellement influencer leurs confrères eux mêmes influents mais je ne comprends pas qu'aujourd'hui après tant de discussions et d'échanges on arrive encore à ce type de texte et à quoi servira cette loi.

On surveillera cela à partir de septembre.

Publié dans Actualité, Cinéma, Musique

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